Apprendre a devenir riche...
J’ai reçu beaucoup de commentaires suite a mon post sur le constat de notre incapacité a entretenir et a conserver les choses en bon état. Pour certains, les explications que j’ai avancé pour expliquer notre incapacité a avoir une bonne gestion de patrimoine sont insuffisantes. Pour d’autres, elles visent encore une fois a dédouaner les africains de leurs responsabilités. Dans tous les cas, tout le monde est d’accord sur le constat. Mais si les explications des causes ne font pas l'unanimité, au moins tous s’accordent a dire qu’il faudra changer cette situation.
Pour donner un peu d’espoir aux uns et autres, nous devons nous rappeler ceci : bien que nous soyons dans une large mesure incapables de préserver dans un bon état les choses matérielles, nous avons démontrés de bonnes dispositions a maintenir en vie beaucoup de choses immatérielles, et ceci malgré un environnement extérieur souvent défavorable. Beaucoup de traditions sont encore maintenues en vies, même si beaucoup d’entre elles ont changé et souvent positivement évoluées (d’autres négativement, c’est selon).
Notre incapacité a conserver les choses matérielles en bon état constitue aujourd’hui l’une de nos faiblesses majeures. Nos difficultés a réduire la pauvreté (comme on réduit une fracture) s’expliquent peut être par cette incapacité a conserver le réel, dans la mesure ou l’enrichissement repose sur le sens de l’accumulation matérielle, et que celle ci commence par le sens de la conservation. Dans beaucoup de cas, cette incapacité a conserver explique aussi le comportement de manducation extreme que l’on observe dans les classes sociales aisées. Une amie me faisait remarquer que tout cela participait d’une envie de vivre uniquement au présent. Peut être qu’elle a raison et que le futur ne ne nous intéresse pas. Un autre ami, sociologue et historien, m’a lui fait remarquer que la tendance a penser uniquement au présent est une conséquence de notre histoire violente. La violence des guerres esclavagiste ainsi que les déplacements forcés de populations organisées par les colonisateurs ont développé chez les africains un esprit nomade et de maraudage. Mais si le nomade prends soin de son couchage et de son bétail, l’africain rendu nomade et maraudeur a oublié les vertus du nomadisme pour ne retenir que les vices du maraudage. Vivre comme un maraudeur était une protection. Cela a finit par devenir une seconde nature, et finalement un mode de vie.
Dans ce siècle, vivre au présent uniquement ne constitue plus une protection. C’est désormais de la destruction. Sinon, comment expliquer l'incapacité de ce propriétaire a entretenir son immeuble qui lui fournit pourtant l’essentiel de ses revenus? Sur quoi compte-t-il, se demandait encore une autre amie, camerounaise.
Mais même si nous ne sommes pas capables d’entretenir nos choses, nous avons d’autres compétences, intéressantes, positives. L’une d’elles est notre extraordinaire habileté a bricoler, raccommoder, récupérer, recycler. Je reviendrais un autre jour sur cette qualité, qui est sans doute une des clés de notre survie aujourd’hui. Mais pour vivre, il nous faudra de toute urgence re-apprendre a entretenir, conserver, accumuler, posséder. Nous devons apprendre a devenir riches.