Reponse â Seku Màga en reponse à son article sur les deçus de Gbagbo

J'ai lu avec intérêt votre note FB sur les déçus de la défaite de Gbagbo. Si j'ai plutôt apprécié votre critique de l'ivoirite comme posture idéologique incohérente et participant des mécanismes de contrôle neo-cons, je trouve vos conclusions plutôt alambiquées et profondément incohérentes. Qu'appelez vous révolution kamite? Le mot kamite ne veut strictement rien dire du point de vue de l'anthropologie culturelle. Il a été inventé il y a plusieurs décennies par des pseudo-spécialistes des sciences humaines et a depuis lors démontré ses limites et a finalement été rangé aux oubliettes. Kamite vient de Cham qui est un nom biblique. Si vous dite défendre les "vraies" "valeurs" africaines et du monde dit noir, il faut donc chercher un autre terme car la référence biblique de Cham lui enleve du coup toute "africanite". Vous parlez de revenir aux valeurs de nos ancêtres. Les jeunes gens qui vivent dans les villes et les campagnes en Afrique ne se sentent pas éloignés des valeurs de leurs parents. D'autre part, comme tous ceux qui défendent confusément "leur" Afrique", vous ne définissez pas ce que vous appelez "valeurs ancestrales". Quand on parle de démocratie en Afrique, beaucoup d'intellectuels africains bottent en touche et présentent ce système politique comme d'origine occidentale et donc pas adapté pour nous. C'est faux, et les intellectuels africains sont des malhonnêtes incompétents. Mais j'excuse souvent leur incompétence car en effet, la démocratie est une question de logique. Et qui dit logique dit effort de réflexion. Or nos fameux penseurs font tout, sauf fournir un effort de réflexion. Mais revenons à la démocratie et essayons d'en présenter le contenu normatif : c'est un système de protection et de promotion des libertés individuelles et collectives qui repose sur l'équilibre des pouvoirs entre les acteurs. Chaque pouvoir est représenté par une institution ou un groupe d'institutions, et il est contrôlé, cerné par d'autres institutions ou groupes d'institutions. Autrement dit l'exécutif est contrôlé par le parlement (cas des usa) qui est lui aussi sous le contrôle du judiciaire qui est indépendant mais dépend du parlement et de l'exécutif pour son fonctionnement et son renouvellement, etc. Le parlement est désigné par le peuple pour agir en son nom, tout comme le président d'ailleurs. Ces équilibres rentrent souvent dans des jeux et des rapports de force qui font pencher la balance d'un coté ou de l'autre, tout le temps. Le système évolue ainsi et reste dynamique. Existe -t-il un système similaire en Afrique "traditionnelle"? Oui, dans certaines régions. Mais le monde change et ce qui est vrai pour un village n'est pas forcement vrai pour un pays. Je suis d'accord pour adapter le système à nos problèmes. Mais ce système n'a rien de purement occidental et la protection et la promotion des libertés n'est pas réservée aux blancs seuls. Je crois que les africains doivent cesser d'être naïfs et commencer un véritable travail de réflexion stratégique. Quand des intellectuels comme Calixthe Beyala, Achille Mbembe ou Gaston Kelman parlent de développer notre continent en le libérant politiquement et culturellement au préalable, je rigole. La libération est d'abord une question intellectuelle et économique. La libération intellectuelle, c'est justement encourager les gens a créer, inventer et innover. Et ça passe par de meilleures libertés. Et la démocratie est pour l'instant le meilleur système de protection des libertés. Savez vous que sur plus d'un millions de brevets internationaux déposés en 2010, l'Afrique ne peut en revendiquer qu'une petite centaine? L'absence de liberté tue l'avenir. La libération passe aussi par une plus grande puissance économique. Je n'aime pas le terme indépendance économique parceque de nos jours tous les pays sont dépendants les uns des autres. En revanche les pays qui ont su tirer profit de leurs potentiels sont devenus plus puissants que les autres, et peuvent donc dicter une partie des règles du jeu a leur avantage. Et c'est normal. Les Etats n'ont pas d'amis, ils n'ont que des partenaires et des associés. Pour finir, je dois dire qu'au début en lisant votre courte note, je pensais avoir trouvé enfin un penseur cohérent et logique sur l'Afrique. Je dois dire que j'ai du déchanter à la dixième ligne. Mais je vous encourage dans tous les cas a approfondir les questions de libération intellectuelle et économique, mais certainement pas à travers la "révolution kamite " qui reste aussi finalement une invention occidentale.